C.D.S.O.I.

L’Ordre infirmier « nouvelle version » torpillé par les libéraux

Ce qui était prévisible arriva: les infirmiers libéraux refusent de perfuser seuls un "Ordre 2" en déficit de presque 9 millions d'euros.

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas pour l'Ordre des Infirmiers. Quelques semaines après avoir pris la présidence par intérim, Didier Borniche appelait les conseillers à l'unité face à la crise politique et économique que l'institution traverse.

Le Ministre de la Santé Xavier Bertrand s'étant publiquement positionné pour une adhésion facultative à l'Ordre en ce qui concerne les infirmiers salariés (et à ce jour non officiellement démentie), l'Ordre est depuis 2 ans dans une situation économique catastrophique.

Un sauvetage financier calculé

Un sauvetage in extremis par sa banque la BRED est survenu fin août, dans l'attente d'un plan de restructuration drastique pour recouvrer les presque 9 millions d'euros de dettes.

Nul besoin de chercher une obscure théorie du complot ou une collusion entre politique et financiers pour expliquer le maintien en vie de l'instance ordinale. la BRED a simplement réalisé un rapide calcul: mieux vaut récupérer doucement mais sûrement les 9 millions d'euros par des infirmiers libéraux obligés de cotiser sous peine de déconventionnement, que de perdre définitivement 9 millions en amenant l'Ordre à la cessation de paiement.

Seulement, la Fédération Nationale des Infirmiers (F.N.I, syndicat d'infirmiers libéraux) ne l'entend pas de cette oreille.

Les libéraux : une manne financière ? Les syndicats s'y opposent

Son Président Philippe Tisserand, également Conseiller National et fervent défenseur de la cause ordinale, a publié un communiqué de presse appelant à la "désobéissance" des 75 000 IDEL si "l'Ordre 2" devait devenir une simple "chambre administrative d'inscription au tableau".

Le président de la FNI qui a jadis bataillé contre un certain Didier Borniche, partage ainsi la ligne directrice de l'ancienne présidente de l'Ordre Dominique Le Boeuf, qu'il a toujours défendu : "Mieux vaut une mort rapide que la survie d'un Ordre vidé de sa substance."

L'impact de ce communiqué syndical n'est pas à prendre à la légère. L'Ordre a réussi au cours de ces 2 ans à fâcher ses plus farouches partisans libéraux, et une opposition massive des syndicats pourrait limiter la menace de déconventionnement par les caisses primaires d'assurance maladie, principal motif d'inscription des libéraux réfractaires.

Si l'unité syndicale des libéraux n'est pas pour demain, les autres organisations professionnelles comme le SNIIL ou l'ONSIL diffusent peu ou prou le même message : Tout sera mis en œuvre pour s'opposer à la rupture de l'égalité entre IDEL et salariés.

Beaucoup d'infirmiers libéraux disposent désormais d'un numéro d’inscription au tableau, que leurs réclament les CPAM sans se soucier de la cotisation. Le refus de cotiser n'est pas un motif de radiation, mais un contentieux de droit privé, entre un particulier qui aura désormais l'appui de syndicats contre un Ordre qui n'a plus les moyens de ses éventuelles menaces.

Un conseil national sous haute tension

Un coup dur pour le nouveau Président Didier Borniche, à moins d'une semaine du Conseil National qui doit se réunir pour élire un nouveau Bureau et voter (ou non) ce plan de restructuration s'appuyant sur 110 000 cotisants (actuellement seulement 66 000 infirmiers sur les 100 000 inscrits sont à jour de leur cotisation).

Il sera pourtant difficile d'être "autre chose qu'une chambre d'enregistrement" quand on sait que l'Ordre va devoir passer d'un budget initial de 10 millions d'euros à environ 3-4 millions, dont près de la moitié seront financés par les 15% de libéraux que compte la profession.

Cette inégalité de traitement ne sera sûrement pas mise de côté mardi 13 septembre au Conseil National : L'appui des libéraux est vital pour l'institution. Des concessions majeures -- Pourquoi pas la présidence de l'Ordre? -- seront donc inévitables pour éviter qu'ils ne quittent définitivement la table, ce qui signerait l'arrêt de mort définitif de l'Ordre.

Quelles missions avec quels moyens ?

Quoi qu'il en soit, 60% de budget en moins équivaut à 60% de ressources en moins pour l'ONI : Moins de locaux, moins de personnel, pour autant de missions. Est-ce que les élus départementaux, dits de "terrain", auront suffisamment de motivation pour parcourir les centaines de kilomètres nécessaires aux réunions sans être défrayés ou indemnisés ? Il le faudra bien, au risque que les inscriptions ne soient pas réalisées et donc les cotisations non encaissées.

Plusieurs conseils départementaux ont ainsi prévu des réunions quelques jours après le 13 septembre, afin de décider de leurs actions à venir, évoquant ouvertement de possibles démissions. D'autres ont déjà pris cette décision il y a plusieurs mois, tout comme de nombreux salariés , qui partent d'eux mêmes dès qu'ils en ont l'opportunité.

Au-delà du débat financier et des jeux de pouvoir pour la future Présidence de l'Ordre, la question qui se posera aux 52 conseillers nationaux mardi prochain risque d'être plus philosophique: Faut-il ou non accepter un Ordre Infirmier vidé de sa substance et fonctionnant comme une simple chambre d'enregistrement ?

Si ce plan est voté, se posera alors une deuxième question, aussi complexe : Comment convaincre des  infirmiers de s'inscrire à un Ordre qui n'a plus les moyens d'exercer ses missions d'intérêt général pour la profession infirmière ? Réponse mardi.

Rédaction ActuSoins

 

http://www.actusoins.com/9008/lordre-infirmier-nouvelle-version-torpille-par-les-liberaux.html



10/09/2011
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